Entrons dans les coulisses de Lucidaëlle, illustratrice des romans Kaya Dove de Pierre Lassalle, et des représentations de certains personnages pour cette super saga héroïque !
Lucidaëlle, peux-tu nous expliquer un peu ton univers créatif en tant qu’artiste globalement ?
Je réalise des choses différentes dans le style et les méthodes, mais il s’agit toujours de figuratif. Je réalise des œuvres issues par exemple de mythologies, d’histoires, ou plutôt fantastiques dans les aspects féeriques avec des êtres de la Nature, ou même futuristes… sans oublier le style comics, notamment pour les illustrations de Kaya Dove, où les superhéros y sont très marquants. Le point commun parmi tout cela et malgré les différences, ce serait selon moi, les légendes, où chaque image, du passé, du présent ou du futur a son histoire à raconter.
Non, c’est un style que j’avais déjà expérimenté… c’est même quasiment par là que j’ai commencé, puisque je me basais sur la bande dessinée : ce n’était pas un style comics pur, mais j’en avais tout de même l’influence, avec la bande dessinée et les mangas quand j’étais petite. C’est souvent plus facile de commencer l’art et le dessin par ce style, plutôt que le style « Léonard de Vinci »… !
Est-ce la découverte de Kaya Dove qui t’a plongée dans cet univers comics ?
Dans la présentation des romans, le lecteur apprend que tu pratiques « l’Art Sophianique ». Peux-tu nous en dire davantage à ce sujet ?
L’Art Sophianique est une appellation récente, qui provient de Pierre Lassalle : ce n’est donc pas courant, et cela ne fait pas (encore) partie de l’histoire de l’art ! (Rires) Pour Kaya Dove, c’est un peu particulier, car le processus de création n’est pas complet, dans la mesure où il existe déjà la base du roman, avec des descriptions de personnages : je n’entre donc pas dans une vraie recherche méditative, comme j’ai pu le faire pour d’autres couvertures de livres que j’ai réalisées par ailleurs. En revanche, les points communs existent bel et bien avec l’Art Sophianique, puisqu’il s’agit notamment, au travers d’un art, de retraduire une sagesse, des valeurs spirituelles universelles et emplies de vérité. Bien sûr, la méditation y aide, et je m’y adonne ! Et, la deuxième chose majeure dans ce nouveau courant artistique, c’est que l’artiste ne travaille pas pour lui personnellement : il essaye de retransmettre cette vérité, cette sagesse, de façon la plus impersonnelle possible ! Le but, c’est que ce ne soit pas : « J’aime telle chose, alors je le fais et je me retrouve dans les images que je réalise », mais plutôt : « Je laisse transparaître une vérité qui m’importe, et c’est elle qui compte, ainsi que le public qui va la contempler ensuite. » Dans ce cas, l’artiste est secondaire, il est au service de cette vérité.
Surtout deux choses : tout d’abord, le fait que l’élément majeur soit une héroïne ; en tant que femme, je ne peux qu’apprécier la mise à l’honneur du féminin ! Ensuite, l’autre élément, c’est que dans les romans, le thème du futur soit bien détaillé et déployé, ainsi que le fait de combattre pour le futur dès notre époque, ou tout simplement de s’y intéresser, pour qu’il advienne quelque chose de bien. Tout cela m’a bien plu. Et sinon, avec la lecture, c’est vrai que le personnage de Amber m’a beaucoup fait rire !!
En découvrant le nouveau projet Kaya Dove, qu’est-ce qui t’a plu le plus ?
La couverture du Tome 1 illustre une scène de l’Episode 1 : est-ce ton choix ?
Non, c’est celui de Pierre Lassalle. En tant qu’auteur, et ce, dès le début de l’écriture, il avait une image assez précise de la couverture : Kaya avec sa robe rouge, dans le désert, avant ou après un combat, et dans une ambiance plutôt « sereine ». Je me suis très vite approprié l’idée, et ensuite j’avais l’impression qu’elle venait de moi…
Oui, en 2015. Auparavant, j’avais uniquement fait des recherches sur son visage, car je sais que normalement, pour un personnage dessiné, si on le réalise plusieurs fois, on est censé bien le reconnaître, même sous des angles différents, ou/et certains âges de sa vie… Or, cette capacité n’est pas mon point fort. Je me suis donc entrainée à reproduire le visage de Kaya, sous différents points de vue, afin aussi de faire correspondre le mieux possible la vision de l’auteur à ce que je dessinais. C’est tout une aventure !
Est-ce la première image de Kaya Dove que tu avais réalisée ?
Dans les illustrations des Tomes 1 & 2, qu’as-tu voulu montrer de l’héroïne Kaya ?
Ce sont deux scènes représentatives de la force. Dans le Tome 1, elle est beaucoup plus recueillie, posée, presque à l’intérieur d’elle-même. C’est comme une préparation ou un entrainement à une mission. Et dans le Tome 2, c’est l’action en direct live ! Cette différence fait aussi référence au processus de l’Aventure Héroïque en trois Actes : l’Acte 1 représente l’entrainement ou la préparation du héros/héroïne, alors que l’Acte 2 est la pleine action et manifestation de la Mission, et les combats qui lui sont associés. Pour les couvertures, c’est donc cette progression qui s’est révélée.
Dans l’illustration du Tome 1, ce qui émane sont des qualités d’innocence, d’intériorité, de calme, de paix : Kaya arrive assez bien à se maitriser, à être tempérée. Il y a une notion de force, mais plutôt en termes de stabilité, d’assurance, de concentration dans l’action. Et cela marque aussi ses premières missions : elle est donc un peu plus jeune.
Dans le Tome 2, elle a presque dix ans de plus. Il s’agit aussi d’une expression de la force, mais avec la radicalité, la détermination ; c’est beaucoup plus masculin, plus « yang ». Il en ressort beaucoup de volonté à atteindre son but, ou combattre et être totalement entière dedans. Elle est hyper concentrée, avec une vision et une démarche très ciblées.
Elle est comme une petite sœur, une amie, voire un modèle dans certains aspects, dans la mesure où elle veut énormément apprendre et progresser bien et vite : en ce sens, je suis un peu pareille ! (Rires) Elle peut aussi être un personnage qui symbolise l’encouragement, la joie sur la vie, les combats, et finalement sur l’évolution : « Je veux devenir qui je suis ! » … Et ce, même si pour elle, cela veut dire pour l’instant « devenir comme Kaya » ! Quoiqu’il en soit, son personnage et son rôle dans les deux premiers Tomes sont un bel encouragement pour les adolescents et les jeunes : ils peuvent s’y identifier, afin d’avoir envie d’agir le bien de manière aussi dynamique et joyeuse qu’elle ! C’est tellement mieux que de se laisser aller à des mauvais penchants, simplement parce que les amis le font, car alors, en faisant comme eux… on tombe dans un piège très profond, dont on sort difficilement, voire qui fait rater carrément sa vie, et ce dès le début ! Amber quant à elle, saisit quelque chose qu’elle veut vraiment, dès son adolescence, et elle garde son cap !
Dans les images, j’ai voulu représenter Amber un peu comme la « mascotte » de l’univers Kaya Dove ! En lisant le Tome 1, c’était clair pour moi qu’elle représentait cet aspect-là aussi : un excellent moyen de montrer « Je suis fan de Kaya Dove », étant donné qu’elle l’est complètement ! (Rires)
Et puis, c’était assez facile de l’envisager dans toutes sortes de situations comiques, pour attirer le regard. Par exemple, j’avais fait une première image d’elle avec ses cheveux rouges, et elle arborait un tee-shirt avec des pistolets-lasers dessus, qui lançaient des cœurs, et en gros cela voulait dire : « Je suis fière, j’adore Kaya, c’est avec elle et comme elle que je veux être ! » Ensuite, je l’ai représentée, avec son petit tatouage, sur la pochette de l’Album Flot Bleu de MusiKaya, en train d’écouter la musique. Mieux vaut être accro à Kaya Dove et sa musique qu’à la drogue ! (Rires) En fait, j’avais pas mal d’idées pour Amber, soit vestimentaires, soit pour des coiffures variées : tout est permis avec elle ! Et aussi pour tout l’aspect comique qu’elle incarne, avec des scénettes d’elle taquinant les membres de la Kaya Team, et notamment Jessie ! C’était assez simple de faire d’elle le pivot original voire loufoque, Kaya étant beaucoup plus calme et sérieuse…
Tu as représenté d’autres personnages du roman, dont la jeune Amber : que représente-t-elle pour toi ?
En parlant d’Amber, qui est adolescente dans le roman, quel impact souhaiterais-tu que tes œuvres aient sur les jeunes d’aujourd’hui ?
Au travers de mon art, globalement, j’aimerais faire passer aux jeunes l’espérance d’accomplir vraiment ce qu’ils aiment faire ! En quelque sorte, leur apporter un point de vue différent de ce qu’ils ont l’habitude de voir dans la société concernant la pratique artistique, ou le fait de développer son métier. J’aimerais aussi leur proposer une autre vision de la vie, soit du futur, soit du passé, ou aussi donner un sens à leur présent, une approche philosophique sur la destinée, l’évolution, et qui leur laisse une ouverture… celle d’avoir un Cœur ailé !
Lucidaëlle | Lucie DELALAIN